La technologie nous a mis, nous journalistes, totalement à poil. Nous faisons face à des lecteurs-internautes qui en ont toujours su beaucoup plus long que nous et qui ont maintenant les moyens de le dire. Ils peuvent pointer nos erreurs et nos fautes.

Nous ne pouvons plus nous draper dans la mythologie de notre métier (chien de garde de la démocratie, grand reporter témoin de son temps,…) dans laquelle se sont cachés nos prédecesseurs. 

Nous voilà nus comme des vers.

Et si étrangement, c’était justement le journalisme qui pouvait nous permettre d’enfiler un petit quelque chose. Histoire d’être un peu moins ridicules et indécents, et pour nous redonner un peu d’une utilité bien entamée.

Par ces temps de grand froid sur notre métier (et j’arrête là cette métaphore un peu lourdingue), quelques bonnes idées éditoriales sont à piocher dans les interviews réalisées par Espritblog ces derniers mois.

Sans être révolutionnaires (à part peut-être Spot.us), ces différentes expériences ont en commun de remettre le journalisme au coeur de leur processus. 

Petit florilège.

• Un journalisme communautaire « au service de ». Spot.us, David Cohn

« Ces communautés existent et la plupart d’entre elles veulent pouvoir lire de bonnes histoires sur leur sujet de prédilection. »

• Un journalisme participatif et « médium ». Enquêtes participatives RFI, Anne-Laure Marie

« J’ai toujours considéré ce métier au sens littéral du terme comme le moyen de « faire lien » – (médium – au sens journalistique !) entre les gens. Là, j’ai l’occasion de le mettre en pratique et c’est très intéressant. Car au bout d’un moment, en tant que journaliste, on pose ses questions parce que l’on connaît les réponses qui nous intéressent et qu’on veut qu’elles soient dites »

• Un « journalisme de sensation », connecté avec le réel. Web-reportage du Monde.fr, Claire Ané et Aline Leclerc

« Le choix d’un blog plutôt que d’une série d’articles permettait justement ce type d’écriture, plus proche à la fois de l’interlocuteur et sans doute à la restitution, du lecteur. Il était question de faire du journalisme de « sensation ». Attention, pas du sensationnalisme, cela n’a rien à voir. Mais l’objectif de départ était bien de rendre les choses plus humaines, plus palpables, plus incarnées : faire comprendre combien la crise touche les Français. » 

• Un journalisme spécialisé et à valeur ajoutée. Blog « Voila le travail, Elsa Fayner.

« Internet permet des allers-retours, il permet de dérouler un fil, de touches en touches. Le risque, c’est de s’y perdre, et de tout lire en vitesse sans rien retenir. D’où le besoin, à mon avis, de papiers de synthèse qui font le tri, hiérarchisent, aident à penser. Internet permet ces deux niveaux, un peu comme les livres dont vous êtes le héros: vous voulez en savoir plus sur cette étude? Cliquez sur le lien. Vous voulez des témoignages vivants qui étaient cette analyse ? Allez voir cette page « 

Dessin : Léonard de Vinci, l’homme de Vitruve