Bonjour merci pour le classement dans le top 3.
Vous avez raison sur les critiques. Le problème n’est pas l’originalité. Nous aimerions bien pouvoir faire comme The Big Picture — et je partage votre point de vue: pourquoi personne en France à part l’œil du viseur n’a repris le concept — mais je n’ai pas les moyens financiers de payer du Getty ou du AP comme le Boston Globe et l’AFP ne permet pas pour l’instant de diffuser des images de cette taille. Le salut pour un travail d’édition plus original viendra peut-être des photographes indépendants. Se repose alors le souci pour l’instant de la rémunération de ce travail.
Cordialement

@Johan Hufnagel

Je conçois évidemment les impératifs financiers de Slate.fr qui conditionnent le choix des photos. Après, je reste persuadé qu’avec un peu de temps et de volonté, il est possible d’aller chercher des angles photos un peu transversaux, même avec un simple fil photo Reuters…

Après, si je peux me permettre une analyste personnelle, il me semble qu’à l’avenir, la valeur des photos sera de moins en moins dans la photo elle-même, mais dans le travail d’édition et de mise en scène. Dans un web noyé d’images, c’est ce travail là qui donnera de la valeur à la photographie. Des photos bien légendées, bien éditées, … l’internaute reviendra forcément. C’est ce qu’on avait essayé de faire avec l’Oeil du Viseur en apportant à ces photos de la valeur ajoutée, à savoir la manière dont elles avaient été prises.

On ne peut plus se content de dire : regarder, c’est du Magnum, c’est du Vu, il faut forcément aimer… Il faut prendre l’internaute par la main et lui montrer pourquoi ces photos sont effectivement exceptionnelle (désolé si je ne suis pas très clair, ce n’est pas facile à expliquer).

@Eric Mettout

Sur votre premier point, je suis désolé mais c’est quand même difficile de comparer le travail d’édition photo de Big Picture à une simple photo légendée d’actu de l’Express.fr. Même si je reconnais que c’est du grand format

Sur le deuxième point. J’ai pu lire ici et là votre scepticisme radical sur les webdocus et autres récits multimédias. C’est un avis que je partage en grande partie. Le plus souvent, on arrive à des productions certes très léchées en flash, très belles. Mais ces productions ne rencontrent pas toujours leur public. On peut par exemple se poser la question des webdocus d’Arte dont le coût peut sembler très élevé eu égard à leur audience…

Mais deux remarques :

- Le journalisme sur le web va aller vers plus en plus vers du journalisme visuel. Il me semble que les médias qui auront développé cette expertise multimédia seront ceux qui sauront pratiquer ce journalisme visuel.

- Il faut avouer que beaucoup de projets de webdocus ne sont pas réellement pensés pour les usages du net. Trop monolithique, pas assez fragmenté dans leur diffusion… Mais ce n’est pas une fatalité : rien ne dit cependant qu’il n’est pas possible d’articuler la création de ces webdocus avec des dispositifs mieux insérer dans la blogosphère, notamment, via des dispositifs participatifs… On peut même imaginer un webdocumentaire qui utilise du journalisme de données…

En tout cas, c’est ce genre de formats que j’ai envie d’expérimenter.

The simpler, the better… L’histoire du Web, c’est que ça, de Google à Twitter. Pas exactement le cas des Web documentaires – mais je souhaite me tromper (mais j’ai peur d’avoir raison, les chiffres sont hélas sans appel… pour l’instant). Pour les photos de LEXPRESS.fr: je ne parlais, effectivement, que des formats. Pour plus d’editing, regarder nos diaporamas, dont les images sont… en plus petit format (605). Ach, la perfection…

Il ne faut pas se focaliser sur les gros web-docu. Il y a aussi de la place pour des modules intermédiaires structurés autour de diaporamas et de vidéos.
Dans le domaine de la mise en scène de l’info, je trouve globalement que les sites français manquent d’audace. Innover ne rime pas forcément avec gros budget.
C’est ce que nous avons essayé de démontrer avec l’Oeil du Viseur qui a réussi à capter 13 000 visiteurs uniques en un mois.
Enfin, ça nous quand même coûté 35 euros de bande passante cette histoire ! La prochaine fois Jean, on héberge aux States.

Juste un mot quand même sur le webdocu en réponse à Eric Mettout, et pour rappeler quelques trucs qu’on ne dit pas par crainte du politiquement incorrect dans ce si petit milieu où tout le monde se connaît et se fait des courbettes.

« The simpler the better » ça reste à prouver, j’aimerais bien savoir en quoi Google est simple… son modèle c’est plutôt d’être BIGGGER que tout le monde. Quant à Twitter c’est pas parce que quelques journalistes « connus » y passent leur temps à s’envoyer des vannes et des recettes de cuisine que ça fonctionne éditorialement. Au niveau de l’audience tu peux avoir des Retweet de quelques stars du métiers sans que ça tienne la comparaison (même à 1 contre 1000) avec un passage en Une du Monde.fr.

Que les chiffres de certains webdoc comme GazaSderot soient mauvais relativement au coût, c’est sûr qu’à ce moment on reste dans le bâtonnage à la con comme bcp sur le web français (putain les mecs, même en Colombie ils font mieux que vous)… mais c’est comparer la rentabilité d’un programme de la Nasa à celle de Renault. Il faudrait peut-être voir si le premier ne sert pas in fine le second en lui apportant des innovations. Comme l’a dit Fabrice, il me semble que les « gros » webdocs sont des terrains d’expérimentation qui peuvent ensuite servir à en développer de plus petits, moins coûteux, à l’appliquer au news ou autres…

D’autant qu’il y a une autre piste dont il faudra voir les « chiffres » si chers @Mettout, c’est l’intégration de ces webdocs à la politique éditoriale d’un site et donc à les rapprocher de l’audience. Gaza Sderot était un site spécifique, donc plus difficile d’accès. Le Corps Incarcéré du Monde.fr faisait partie du site lui-même et répondait à des choix éditoriaux qui ont eu une suite… j’imagine qu’il a eu bcp + d’audience.

De plus, si les sites se veulent un minimum des portails où l’on passe du temps, va falloir sortir du pavé de texte plus photo minus. Bien sûr on peut aussi expliquer qu’on se laisse niquer par Google et qu’on base son trafic sur la joie du « je fais plus d’artciles plus vite que les autres et j’ai des clics Google News ». J’aurais pas trop le goût d’expliquer ça à mes actionnaires moi, je préfère leur dire que j’ai une offre éditoriale variée avec des temps de lectures variées en fonction des attentes et des envies de mes internautes fidélisés… mais là chacun voit midi à sa porte.

Dernier point, je ne peux qu’abonder dans le sens de Jean quand il dit que le journalisme va devenir de plus en plus visuel. Pomper l’AFP tout le monde est capable de le faire, il suffit de mettre 10 gars dessus et tu l’assèches ton fil. Et ce jour là, ceux qui ont passé leur temps à bâtonner seront à la ramasse. Ça ne veut pas dire que les autres vont tous sortir avec des caméras et passer 4 mois sur un sujet. Ça veut dire que quand on ira en reportage faudra être capable de faire mieux que ce que l’on fait maintenant (ou en tout cas différent), et surtout que les équipes rédactionnelles comprendront des producteurs web et qu’elles intégreront le visuel dans leur démarche de production de l’info.

@Adriano Farano

J’avais également vu ces commentaires. J’avais bien aimé l’attitude, justement très pédagogue, du journaliste du monde.fr qui avait indiqué en fin de sa note qu’il ferait un éclairage pour ré-expliquer le mode de fonctionnement de Décodeurs.

Après, simplement une petite précision, qui me vient de ma propre expérience avec Antonin (le même qui commente juste au-dessus de vous) sur un blog-reportage du monde il y a quelques semaines : http://africascopie.blog.lemonde.fr

Les blogs du Monde, dont les notes sont « commentables » librement à l’inverse des articles du journal où il est nécessaire d’être abonné, servent en général d’exutoire à pas mal de rancoeurs, frustrations; colères… Certes, tous les commentateurs critiques n’ont pas ce moteur là et bien souvent, les critiques sont justifiées. Mais c’est une réalité qui explique également le caractère assez violent de certains d’entre eux…