(Mis à jour le 5/05/09 : voir en fin de note)

La pile sur ma table de chevet prend dangereusement de la hauteur, notamment avec la lecture des trois excellents ouvrages parus chez Pyramid, tous les trois consacrés au support papier.

• Le premier est dédié à la typographie, la science des caractères (Helvetica et Cie), du bas-de-casse, du gras, des empâtements…

• Le second intitulé “Impression et Finition”, sur le papier, le brochage, les reliures…

• Enfin, le troisième, “Format” est à mon sens le plus passionnant. C’est une sorte d’inventaire de toutes les possibilités techniques qu’offre aujourd’hui le support papier au travers une série d’exemples : livres, plaquettes, pubs, magazine, affiches…

Attention ! Rien de high-tech là-dedans. Pas de puce RFID ou autre joyeuseté numérique… Mais des tonnes d’idées innovantes.

Comme le disait Dimitri Merchez, chef de produit e-paper chez Orange, « le support papier est très sophistiqué. Il conserve l’info indéfiniment sans nécessité d’énergie, il est lisible en plein soleil, à l’extérieur. Il offre une résolution très élevée, il est léger, souple et bon marché ». C’est aussi plus solide. Essayez de faire tomber un Kindle du haut du deuxième étage…

Le premier sentiment à la lecture de ces bouquins, c’est que le papier reste quand même un support assez magique, dont on n’aurait pas encore exploré toute les possibilités. Le second sentiment, c’est que se dessine en creux le manque total d’imagination de médias papier français.

Et si un magazine, c’était autre chose qu’un paquet de feuillets A4 agrafés ?

Je ne suis ni graphiste, ni maquettiste, ni imprimeur. Ce qui suit n’est qu’une liste d’idées sorties de mon petit cerveau de journaliste à partir des exemples de ce livre. Certaines sont farfelues ; elles ne s’embarrassent, ni de modèle économique, ni de distribution, ni de question de logistique, ni de chemin de fer… 

Mais je suis persuadé qu’il y a des choses à garder (et d’autres à jeter).

I. LE MAGAZINE COMME LIEU D’EXPÉRIMENTATON

Le magazine est un lieu quasi idéal pour l’expérimentation, dixit les auteurs. Pourquoi alors ne pas oser ?

Le format. Pourquoi tous les magazines sont en A4 (ou presque) ? On peut imaginer des magazines à hauteur variable. Les auteurs racontent comment le magazine américain TANK avait annoncé la naissance d’un « grand » hors-série, qui paraitra finalement en format “micro” pour surprendre ses lecteurs.

 

Le papier. C’est tout bête, mais caresser un beau papier, c’est très agréable, davantage en tout cas d’un écran d’ordinateur. Ce plaisir sensoriel et quasi sensuel est un élément non négligeable pour le lecteur.

Mais le choix du papier a d’autres utilités. L’insertion, au sein du même magazine, de différentes textures, grammages et couleurs permet de créer une navigation plus facile… 

Ainsi, on pourrait imaginer un magazine à double détente. Du papier “cher”, glacé ou non couché, pour de l’info à valoriser, comme un portfolio par exemple. En revanche, des infos pratiques pourraient être regroupées dans un cahier en papier kraft, beaucoup plus économique.

Le pliage. C’est un peu le scrolling version papier 2.0. Cela n’a rien de très original mais c’est très peu utilisé. De grandes photos en version panoramique qui se déplient sur trois volet tout en largeur, ça en jette quand même ?

 

II. LE MAGAZINE COMME CADEAU PARTAGEABLE

Pourquoi ne pas imaginer un magazine non pas comme un simple support d’information, mais comme un cadeau ?

Pourquoi des midinettes de 12 ans achètent-elles des magazines au kilo ? Pour les posters de Justin Timberlake, bien sûr ! Le magazine finira à la poubelle, mais l’affiche restera sans doute plusieurs années dans la chambre de l’ado !

ll y a là une notion de cadeau, d’objet associé à l’achat.

Prenons l’exemple d’un magazine « sérieux ». Pourquoi ne pas insérer au milieu un “poster” d’actualité, une grosse infographie bien fichue, rigolote et très visuelle qui s’accroche sur la porte des toilettes du lecteur ?

Même constat, autre idée : dupliquer le modèle des fiches-cuisine, souvent collectionnées précieusement et transmises de génération en génération. Et en faire des fiches-actu sur les grands évènements de l’actualité, à aimanter sur son frigo.

Poussons le bouchon un peu plus loin : faire de ce « cadeau » que serait ce magazine, un cadeau partageable. En gros, adapter la bonne idée du social bookmarking  mais en version papier.

Idée numéro 1 : un magazine de voyage pourrait par exemple publier une page constituée de plusieurs cartes postales détachables, qui pourrait être envoyées à des amis.

Idée numéro 2 : Imaginons un magazine qui publie un portfolio sur un sujet d’actualité. Les photos seraient imprimées sur un papier prédécoupé qui permettrait aux clichés d’être détachés facilement. Et ainsi d’être offerts individuellement ou bien être accrochés sur son bureau… 

 

III. UN MÉDIA NOMADE ET ÉCLATÉ

Là, ca devient plus radical, mais plus intéressant. 

Un média papier qui n’est plus un “paquet” de sujets mais qui devient nomade et complètement éclaté. Et qui correspond à l’usage réel du lecteur…

Sollicité de toute part, le temps d’attention d’un individu n’est pas extensible. Alors, au lieu de se battre sur un marché de l’attention surbooké, pourquoi ne pas aller chercher cette attention dans les moments “creux” ? C’est d’ailleurs le principe du gratuit dans le métro. Essayez de lire le Monde dans le métro aux heures de pointe… Tandis que l’objet 20 minutes, dont l’ergonomie permet la lecture d’une main, est très bien adapté.

Poussons le bouchon encore un peu plus loin. Pourquoi ne pas imaginer un média qui imprime une partie de son contenu sur des sacs papier. Vous faites vos courses puis vous prenez le bus. Le trajet dure 10 minutes. Sur votre siège, vous tenez fermement votre sac sur vos genoux, mais en plus vous avez un peu de lecture sous les yeux.

Evidemment, ça demande d’être adapté. Pas question d’avoir un reportage de 12 feuillets, mais pourquoi pas une infographie  ou même un micro-photoreportage ?

A quand un journal imprimé sur du papier toilette ?

Dans une approche certes moins jusqu’au-boutiste, le magazine américain branché-écolo GOOD MAGAZINE expérimente cette éclatement du média papier. Via un partenariat avec Starbucks, le média diffuse, sous la forme d’infographie, des petits posters dépliants sur un thème précis (transport, santé…). Bonne idée ! 

• BONUS N°1

Je ne savais pas où classer cette idée dans cet inventaire décousu, ni comment elle pourrait s’adapter à la presse. Mais j’aime beaucoup cette idée du livre de cuisine avec sa couverture aimantée qui au bouquin d’être fixé sur le frigo à la bonne page. Très pratique, quand on cuisine les mains pleines de jus de tomate ou de pâte à beignets….

• BONUS N°2 (mis à jour le 5/05/09)

Repéré par Hubert Guillaud sur son blog La Feuille, une autre idée encore plus folle, mais avec le même credo : rendre le support papier utilile. Et pourquoi pas un “livre-épices” ? Cela vous semble mystérieux : c’est à lire ici…

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