Très intéressante interview de Jean-François Kahn (Secouons les journaux… tant qu'il en reste) à lire sur le monde.fr. Deux passages ont retenu mon attention :
Sur la crise de la Presse : « La presse a beaucoup perdu en abandonnant la polémique. Quand j'ai débuté, il y avait 13 ou 14 quotidiens, d'obédiences politiques très différentes, qui s'invectivaient entre eux, créaient des polémiques internes. Les gens achetaient avec leur quotidien une patrie de substitution, une bulle idéologique. Aujourd'hui, le consensus général est mortifère. On n'a pas assez analysé le phénomène qui a eu lieu à Libération au lendemain du référendum sur la Constitution européenne, lorsque Serge July a injurié, dans son éditorial, ses lecteurs qui avaient voté "non". C'était courageux de la part de July de rester favorable au "oui". Mais on n'injurie pas ses lecteurs.
Regardez à la présidentielle : 19 % des électeurs ont voté Bayrou. Libération, Le Figaro, Le Monde ont pris position contre Bayrou. Or, ces 19 % représentent 30 % des lecteurs de journaux. De la même façon, on voit aujourd'hui des cheminots qui ne veulent plus lire la presse, des étudiants qui ne veulent plus la lire… La gauche sociale n'a plus de journaux, les centristo-démocrates chrétiens, les gaullistes non plus, etc. Et voilà comment on perd des lecteurs.»
Sur l'écriture journalistique : « Il y a trente ans, lorsque j'étais grand reporter, j'adorais écrire un feuillet de description. Aujourd'hui, s'il n'y a pas eu une action dans les trois premières lignes, le lecteur décroche. On est dans une société de mise en scène. Il faut donc nous y faire, nous aussi. Et écrire des romans à côté, si on veut faire des descriptions. Enfin, on ne peut plus avoir des journalistes spécialisés pendant cinq ou dix ans sur une même rubrique.»
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