Mise en situation. Vous vivez tranquillement votre vie et voilà que votre voisin vous attaque pour une histoire de soldats enlevés et de lutte contre le terrorisme. Le slogan à la mode quand vous voulez foutre sur la gueule à quelqu'un. C'est la situation dans laquelle se trouve Mazen Kerbaj qui vit à Beyrouth. Créatif, artiste, il tient un blog où il témoigne en dessinant ou  en "musique" (morceau de trompettes sur fond d'obus) de l'agression dont est victime son pays. Comme les blogs sont devenus une source d'infos pour les journalistes, Mazen a été repéré pour son ton décalé. Résultat, il a été interviewé par plein de canards, jusqu'à saturation. Aujourd'hui sur son blog, il dit stop : "I am sorry to decline your proposition". Extraits.

"stop!
that's it!
i can't anymore!
nein!
please do not contact me for any interview anymore.
i am beginning to freak out repeating 5 times a day the same things. if your interested in what i am doing, please write yourself a story about it (it's easy, you'll see).
anyways, everything i am asked is already on the blog. or worst, on tv.
i should by the way keep record of these interviews, some are incredible. i was asked twice so far: "don't you think that your piece of music and bombs is of a bad taste?
i answered twice: "do you think that it is of a good taste to throw a bomb on a bus with civilians escaping their village?"
it is incredible that some people, listening to this piece in their living room in london or in paris, ask themselves if they like it or not. i think that some people should never stop seeing cnn and fox news. it is made for them. it is "good taste" news."

Sa saturation je la comprends. Finalement, nous sommes dans un monde où l'info circule jusqu'à overdose via le Net mais où ne savons plus regarder, comme le dit avec justesse Chryde sur Heures Creuses :

"Un blogueur a été surexposé, trituré dans tous les sens. Et ce qu'exprime Majen n'est finalement que le reflet d'un paradoxe propre aux blogs : pourquoi interviewer quelqu'un qui s'est exprimé ? Pourquoi faire répéter ce qu'il a raconté ? Pourquoi le pousser à faire un discours sur son discours ? C'est d'autant plus flagrant sur un site comme celui de Mazen, un site qui montre quelque chose, un site qui peut s'observer et se raconter. Sans doute n'avons nous pas encore appris à regarder les blogs comme on observe une scène. A raconter un site."`

À nous de nous interroger. Les journaux, l'info en ligne, la multiplication des sources et au final la course à l'immédiateté et à la rentabilité  laissent t-ils encore aux journalistes le temps de raconter, de se poser pour offrir un autre regard, une autre analyse ? Le débat est ouvert.

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